« Le silence est terminé » : Réponses à des questions de Denys-Louis Colaux


D.-L. Colaux : Quelle est la logique de ton parcours éditorial ? Quel est le pont qui conduit de La Poire d’angoisse aux Contemporains favoris ? 

Didier Moulinier : Effectivement il y a bien un pont et sans doute une logique commune, bien que je serais tenté de répondre, à ce sujet, que la logique c’est l’homme… Les différences d’abord, entre ces deux entreprises, sont essentiellement extérieures et stratégiques. Chacune prend place dans un environnement et surtout dans un type de production bien spécifique. La Poire d’Angoisse (LPDA) était et se voulait résolument pauvre, « underground » (photocopie, diffusion restreinte) ; Les Contemporains sont un petit éditeur, mais un éditeur quand même dont la vocation est donc de publier des livres. Quel est le véritable lien, maintenant, sinon un goût prononcé pour l’expression des minorités, ou plutôt pour les expressions minoritaires ? Par là je n’entends pas seulement le « singulier » (être isolé et solitaire n’est pas une qualité en soi), et pas spécialement l’« opprimé » : ce terme, pour moi, a un sens fort qui aplanit la différence de « standing » si l’on peut dire entre LPDA et Les Contemporains. Tes autres questions me permettront peut-être de préciser le sens de cette poésie « minoritaire », « ordinaire » ou « élémentaire » que j’affectionne.